AIAP signifie Accompagnement Intensif en Alternative au Placement. Il s’agit d’une équipe d’accompagnant·e·s familiales·aux qui se rendent au sein de la famille, dans le but d’éviter le placement d’un enfant ou d’une fratrie.
L’accompagnement se déploie sur 2 niveaux : en soutien aux relations parents-enfants et en soutien individualisé du parent.
L’intensité du suivi va de 8 à 15 heures par semaine.
Cette offre a débuté au printemps 2017.
Une recherche scientifique a été menée en 2018. Téléchargez son rapport complet ci-dessous!
Progressivement, en fonction des rythmes et de l’approfondissement des liens entre les accompagnant·e·s et les membres de la famille, des réflexions communes se manifestent sur la situation et son évolution. Dans le respect des cycles d’amélioration et de rechutes dans le fonctionnement originel, les professionnels deviennent progressivement plus à même d’accompagner le changement, de comprendre où se situent les noeuds, les résistances, les limites, d’accompagner à les mettre en lumière et co-construire avec les parents d’autres manière de voir la situation et les réponses à apporter.
Cette manière de concevoir l’accompagnement des familles ressemble de très près à l’approche centrée sur la personne développée par Carl Roger. Il nous explique en quoi elle permet à l’accompagnant·e une compréhension complète de l’autre :
« Dans l’idéal d’une thérapie centrée sur le client, souple et ferme à la fois, le thérapeute parvient à entrer avec son client dans une relation profondément personnelle et subjective qui n’est ni la relation du chercheur à un objet d’étude, ni celle du médecin à un objet de diagnostique ou de traitement, mais celle d’une personne à l’autre. Dans l’idéal, le thérapeute voit son client comme une personne inconditionnellement digne d’estime, qu’il valorise indépendamment de son origine sociale, de son comportement ou de ses sentiments ; le thérapeute est lui-même authentique et, loin de se protéger derrière une façade, il va à la rencontre de son client sans cacher ses sentiments les plus vrais. Du point de vue du client, l’idéal thérapeutique renvoie à l’exploration intérieure de sentiments toujours plus étranges, plus inconnus, plus dangereux, exploration que seule permet la prise de conscience progressive qu’il fait l’objet d’une acceptation inconditionnelle. C’est ainsi qu’il se familiarise avec des éléments expérientiels auxquels il a jadis refusé l’accès à sa conscience parce qu’ils étaient trop menaçants et trop préjudiciables à la structure de son ego. »
Face aux décisions de justice et aux prises de positions du service de protection, le sentiment d’injustice des parents s’exprime fortement et parfois violemment. Cet état est une réalité profonde de leur vision à ce moment précis. Les mécanismes de défense surgissent et l’intervenant·e familial·e doit être garant·e du cadre en préservant la sécurité affective du parent. Ainsi en acceptant la crise, en se gardant de prendre parti à ce moment-là, les peurs et la tristesse qui sont en sous-couches peuvent émerger et être accueillies. Le parent se sent respecté. Le fait d’être vu et accompagné sans jugement au travers de la crise permet au parent de tisser un rapport de confiance supplémentaire avec l’intervenant familial.
La douleur n’est pas discutable, elle est accueillie inconditionnellement et ce durant le temps dont le parent en éprouve le besoin. Le besoin de se sentir « victime » du contexte ramène souvent le parent à ses propres souffrances, abandons, abus et manques. Reconnaître cette partie qu’est l’enfant blessé chez le parent est important pour que le parent puisse à son tour reconnaître son enfant.
L’enfant est au centre, ses besoins de protection, d’affection et d’entretiens ne peuvent être remis en question. Il n’y a aucun arrangement possible autour de ces points cruciaux. Le parent peut entendre cette position, le cadre décidé n’est ainsi plus forcément discuté dans ses détails mais plutôt dans sa forme de protection. En remettant la part de responsabilité de la situation au parent il peut également imaginer reprendre une part de responsabilité dans le changement.
L’intervenant·e familial·e peut rapporter au parent les réflexions, hypothèses et questionnements de l’équipe au sujet des besoins de protection de son enfant. Le parent, invité à cette réflexion, trouve souvent des réponses éducatives ou affectives adéquates. Le fait de comprendre que les décisions sont réfléchies, individualisées et sans cesse questionnées par le professionnel·le·s, permet au parent de « faire partie de l’équipe » qui cherche des solutions.